Une fois n'est pas coutume, j'étais encore dans les Alpes. Bon, j'ai quand même changé de vallée pour le plaisir. Je suis retourné dans une vallée que j'affectionne également: l'Ubaye. Cette vallée est très sauvage encore et permet de croiser une faune importante.
La semaine avant le départ, le temps ne devait pas être au beau fixe et on s'acheminait vers un refroidissement notable précédé d'un épisode neigeux. Généralement au printemps, un refroidissement permet d'observer une migration altitudinale des animaux de montagne surtout chez les mammifères. Par temps sec et ensoleillé, les mammifères, tels que chamois, bouquetins, cerfs, ont tendance à se poster en altitude, ils trouvent de la nourriture et de la fraicheur ! L'épisode neigeux suivi du refroidissement était de bon augure. Comme prévu, la neige arriva le samedi, elle tomba jusqu'à 1700m suivi d'une belle chute des températures.
Le lendemain, juste après les précipitations, l'ambiance était splendide. Les arbres portaient en eux leur manteau d'hiver, recouvert d'une belle couche de neige. On pouvait alors contempler une belle harde de biches ! on comptait 12 individus regroupés dans un champs enneigé , un très beau spectacle !
Quelques instants plus tard, dans les versants sud, là où la neige avait du mal à rester laissant place à quelques herbes sèches, on pouvait observer des chamois et des bouquetins. Ces herbivores profitaient des zones sèches et chaudes pour sécher leur pelage et gratter quelques herbacées.
Progressivement, le soleil reprenait sa place et son rayonnement ne laissait aucun doute aux prémices du printemps. Avec le soleil et la hausse des températures, les animaux ont cette fois repris leur quartier printanier en s'aventurant assez haut dans les barres rocheuses. Dans les barres rocheuses les plus hautes, on pouvait observer les bouquetins se prélasser au soleil, allongés sur les rochers. Quelques individus traversaient les névés pour rejoindre d'autres secteurs. Quant aux biches, fini les promenades dans les champs à basse altitude, retour dans les pentes sous les bouquetins. Intéressant de voir que graduellement, on trouve d'abord les biches et au dessus les bouquetins. Les chamois, eux, ont pris leur quartier d'été, assez haut finalement.
Et avec le retour de ce grand beau temps, ce fut le retour aussi des rapaces. Plus propices à voler avec de belles brises de pentes, la première observation reste le Gypaète barbu, vautour en cours de réintroduction ! C'est un grand vautour avec une envergure comprise entre 2m80 et 3m, c'est très grand !! Il s'est spécialisé dans les os, il intervient généralement sur une carcasse en toute fin de cycle. Il est capable d'avaler un tibia de chamois entier !!! Il faut dire que le Gypaète a les sucs gastriques les plus puissants du règne animal donc dissoudre du calcaire, ce n'est pas un problème pour lui. Et comme les surprises ne manquent pas, 3 Aigles royaux sont venus se mêler au Gypaète ! On peut observer sans aucun doute un couple d'Aigle, les 2 individus chassent ensemble, en général un Aigle est très territorial et n'accepte pas un autre individu sauf un membre du couple. Fait étonnant alors que le 3eme Aigle tourne à proximité de la falaise du Gypaète, celui-ci se mit à fondre sur l'aigle ! Un combat aérien s'établit et le Gypaète n'a pas dit son dernier mot, il attaque l'aigle avec agressivité, serres élancées, finit par pousser l'aigle hors de la zone. L'aigle battu s'écarte tandis que le Gypaète revient sur sa falaise. Les 2 sont très grands mais le Gypaète à côté de l'Aigle royal, c'est quelque chose !!! Les 2 espèces n'ont pas la même nourriture et pas le même mode de chasse, assez curieux, je pense plutôt à une lutte territoriale. Fort probablement à une aire en cours d'installation ? Cela mérite de pousser la réflexion !
Le séjour s'achève, il faut bien rentrer... ce n'est pas facile de quitter la montagne... c'est le coeur lourd et des images plein la tête que je rentre.... Mais je vais vite revenir !!!