Comment repérer la présence d'animaux ? Voici quelques généralités tant le sujet peut-être vaste. Les animaux laissent des traces dans la nature parfois celles-ci sont discrètes parfois un peu moins. Il suffit d'ouvrir les yeux, d'observer son environnement pour se rendre compte que nous sommes entourés de vie. Bien entendu, à l'heure actuelle, les pièges-photo sont en vogue car ils permettent d'observer à notre place 24/24h-7j/7. C'est une méthode facile mais qui doit tout de même rester d'un usage très restrictif car l'utilisation d'un tel dispositif est soumis à une réglementation très stricte soumise à autorisation. Personnellement, je préfère suivre la réglementation et appliquer les règles en vigueur mais chacun est libre de les utiliser en son âme et conscience. Et puis c'est toujours intéressant d'apprendre à lire son environnement. On peut découvrir des choses forts intéressantes. Donc le premier point de départ : le terrain et la topographie. Enfin... la toute première règle est de connaître les espèces présentes dans le milieu de prospection. 1. Le terrain Les animaux, si on prend le cas des mammifères, suivent des chemins réguliers et comme les humains, ils prennent les passages les plus faciles pour rejoindre deux points. Inutile de penser qu'ils vont s'embarquer dans des secteurs accidentés, difficiles (c'est relatif par rapport à l'humain, un passage facile pour un chamois peut-être inaccessible pour l'humain). Contrairement à ce que l'on peut penser, les animaux empruntent les chemins de randonnée mais en décalant les horaires. Plusieurs siècles de chasse, de torture, de traque ont contraint les animaux à modifier leur comportement. Initialement diurnes, ils sont devenus nocturnes pour éviter de croiser les humains. Donc première chose : analyser la topographie ! - Repérer les vallons - les replats - les secteurs ensoleillés - l'orientation des pentes - les zones forestières - les barres rocheuses On va trouver, à la lecture du terrain, des sentes ou des coulées dans la végétation ou au milieu des pierriers. Les sentes ou coulées : ce sont des sentiers, plus ou moins marqués par le passage régulier des animaux. Une coulée peut être très bien empruntée par plusieurs espèces. 2. Les laissées et crottes D'un point de vue étymologie, on parle de laissées pour les carnivores, fumées pour les ongulés et crottes pour les autres mammifères. C'est LE marqueur par excellence de la présence d'un animal. On peut le combiner aux autres indices pour deviner l'espèce, sa nourriture. Suivant la fraicheur de la déjection, on peut approximativement définir la période de passage. Toutefois, la détermination d'une déjection reste très complexe et peut aboutir à des erreurs d'identification, ce n'est pas une lecture facile. Pour les carnivores, leur laissées sont très odorantes, de forme cylindrique. Ces dernières peuvent contenir des matériaux non digérés comme poils, os, dents. Mais parfois certains carnivores se nourrissent aussi de baies et de fruits. Typiquement dans les laissées de renard ou de fouine, les restes de baies sont parfaitement visibles. On peut déterminer la direction de l'animal en fonction de la forme de la déjection. Comme celle-ci se termine par une pointe effilée, la direction de celle-ci nous fournit une indication sur la direction. Attention: ne jamais toucher une laissée de carnivore avec les mains. Celles-ci sont chargées de bactéries et de parasites qui peuvent être transmises à l'homme. C'est le cas des laissées de renard qui peuvent transmettre le ver parasite Ecchinoccocose. En cas d'ingestion, ce ver se positionne sur le foie. Souvent lorsque le diagnostic est posé, il est trop tard, l'organe a été attaqué. Pour les ongulés, ce sont les végétaux qui constituent le fumée, l'herbe étant moins calorique que la viande, les herbivores se nourrissent régulièrement pour calmer la faim et donc produisent plus de déjections. Les formes, contrairement aux carnivores, sont arrondies et plus petites.

Crottes de lapin de garenne à proximité d’une garenne. On remarque la forme arrondie en quantité importante. La lapin est un animal très propre, il ne fait pas de déjection dans le terrier mais à l’extérieur de celui-ci dans une zone bien définie.

Laissée probable d’un loup. La grosseur et la forme pourraient s’apparenter à celle d’un loup. Mais l’incertitude demeure et pourrait etre celle d’un beau renard.
On retrouve la forme cylindrique et unique

Fiente de perdrix. La perdrix est un Gallinacé.
Chez les gallinacés, les fientes sont déposées en tas sous l’emplacement où l’oiseau se perche pour se reposer.
Les oiseaux font des pelotes de rejection. Lorsqu'ils avalent un aliment, contrairement aux autres animaux, ils ne peuvent pas mastiquer donc ils avalent directement. Leur système digestif est composé de deux parties. Le gésier et l'estomac. Dans le gésier on fait le tri des aliments nécessaires à l'organisme et qui se dirige vers l'estomac et le reste est rejeté par le bec sous forme de pelote. Chez les rapaces, on retrouve des pelotes au pied de leur perchoir. Celles-ci contiennent tous ce que l'organisme ne peut assimiler. - os - poils - plumes L'analyse de ces pelotes permet de connaître le régime alimentaire de l'oiseau. Dans notre cas, la recherche de pelote peut nous indiquer la présence d'un ou de plusieurs rapaces. Mais les autres oiseaux ont également des pelotes de rejections. Le Martin-pêcheur se nourrissant exclusivement de petits poissons, ses pelotes seront constitués d'écailles et d'arêtes de poissons. 3. Les empreintes C'est finalement, avec les déjections, ce qui marque le plus le passage d'un animal. Mais encore faut-il que le sol puisse matérialiser l'empreinte et ce n'est pas toujours le cas. Un sol bien sec sur une terre bien dure de type argileuse, il y a peu de chance que l'on observe quelque chose. Il faut alors se rapprocher des sols meubles ou des zones un peu boueuses pour repérer une empreinte. L'idéal étant un sol enneigé, il n'y a pas mieux pour laisser sa trace mais dans mon secteur, les sols enneigés sont très rares ! Une empreinte permet de déterminer rapidement le type d'espèce. On peut distinguer: - les pattes des carnivores : arrondies avec présence de coussinets - les pattes des rongeurs : effilées avec les doigts apparents et des grilles en bout de doigt (attention quelques exceptions: les mustelidés) - les pattes des ongulés : en forme de sabot double de taille variable selon les espèces A partir des traces, si vous avez la chance d'avoir plusieurs traces, vous pouvez définir la voie. (c'est généralement plus facile dans la neige, dans des sols secs, on perd rapidement le signal). La voie est le sens et la direction du déplacement et donc chaque espèce a une marche propre. 4. Les terriers et les marquages dans le sol La plupart des mammifères ou certains oiseaux creusent des terriers afin de se cacher au mieux. C'est le cas du blaireau, du lapin, de l'ours lors de l'hibernation, du renard, de la marmotte, le guêpier et le martin-pêcheur pour la nidification. Toutefois note importante : repérer un nid ou un terrier ne signifie pas de se rapprocher et de rester devant, c'est justement tout l'inverse. Il faut être le plus discret possible voir s'en éloigner pour éviter un dérangement fort. Le risque ? Les adultes pourraient abandonner la nichée entrainant la mort des jeunes !

Exemple de terrier de lapin de garenne. Celui-ci n’était pas occupé lors de la prise de la photo. Mais il peut l’être en période de reproduction ou la nuit en cas de danger.
On distingue les grattages devant le trou.

Le lapin gratte le sol pour plusieurs raisons. Trouver de la nourriture, creuser un nouveau terrier. On trouve régulièrement des grattage autour des garennes.
5- Les perchoirs Les oiseaux aiment se percher pour observer leur environnement et trouver de la nourriture. Les perchoirs sont identifiables par les déjections sur le sommet d'un rocher. Sur les roches calcaires, les fientes réagissent chimiquement et biologiquement avec le calcaire formant un manteau jaunâtre. Bien entendu chaque perchoir ne sera pas forcement utilisé systématiquement mais cela donne une indication.

Dépôt de fiente ayant réagi avec le calcaire. Cela signifie que ce rocher est régulièrement utilisé comme perchoir par les oiseaux (rapaces ou passereaux).