Le brame du cerf, moment important dans l'année pour le cerf et à fortiori pour les passionnés de nature.
Depuis quelques années, on observe un engouement autour du brame du cerf avec des sorties organisées, les cohortes de passionnés à la recherche du fameux raire. Serait-ce un retour à la nature ? un besoin de se reconnecter à la nature et au vivant (volontairement au singulier) ?
Le brame du cerf que l'on peut entendre dès la mi-septembre à travers les forêts et alpages est la phase du rut qui appelle la biche à la reproduction ou permet de marquer son territoire et son harem. Attention aux intrus qui souhaiteraient aussi charmer quelques biches sur le territoire du mâle dominant.
En cette période, les cerfs sont actifs et facilement repérable par leur cri mais surtout ne pas oublier que c'est une phase critique pour l'espèce. C'est une période énergivore au point que l'animal peut être épuisé en fin de rut.
Il faut donc être prudent dans l'observation, ne pas tenter de rentrer dans leur domaine, de s'approcher, de leur faire peur... au pire en cette période, le mâle pourrait nous prendre pour un rival et se mettre à charger... 150 à 200 Kg de muscles, des bois énorme ... comment dire ? je n'ai pas envie de tester et donc on va éviter de charmer une biche...
Profitons donc du spectacle à distance !
Je ne voulais pas rater ce moment de l'année, j'avais bloqué cette période pour admirer ce moment. Comme à l'accoutumée, direction les Alpes notamment dans le secteur de l'Ubaye (mais je ne dévoilerai pas le spot, j'ai trop vu l'impact négatif des réseaux sociaux en voulant informer précisément le lieu d'une espèce).
Le temps n'est pas franchement au beau fixe mais c'est plutôt un temps couvert et frais. Les jours précédents, quelques chutes de neige ont eu lieu au delà de 2400m.
Ce temps relativement frais permet d'une part de ne pas souffrir inutilement de la chaleur et les animaux sont plus dynamiques. Les conditions météo ne sont pas à prendre à la légère pour comprendre la dynamique altitudinale de la faune de montagne surtout les grands herbivores.
Le premier jour, départ avant l'aube, nous sommes dans l'heure bleue, période qui correspond à l'aurore. Il fait presque nuit.
Nous entendons rapidement des cerfs bramer ce qui donne de l'espoir pour le reste de la journée.
Ce démarrage nous permet de voir les premiers cerfs quittant les prairies pour remonter dans les alpages. 3 cerfs de 10 cors qui évoluent ensemble.
En cette période, c'est rare car c'est une période de compétition. Je suppose que ces 3 cerfs n'ont pas encore leur harem et sont en recherche de biches.
La structure des bois et cors est présentées ci dessous.

Structure du bois de cerf (d’après Bilamboz 1979).
On décrit également le cerf par le nombre de cors, exemple, 8 cors, 10 cors etc...
On dit également que cela donne l'âge du cerf. Ce n'est pas tout à fait vrai ! Le nombre de cors ne matérialise pas l'age du cerf mais on peut estimer qu'un cerf de 7 ans peut posséder 12 cors mais suivant les individus, ils peuvent atteindre ce stade en avance ou en retard. Donc pour dénombrer le nombre de cors, on parlera de x cors irréguliers ou x cors réguliers, voici un petit schéma.

Determination du nombre de cors
Nous grimpâmes donc vers les alpages en pleine obscurité où l'on entend bramer un peu dans tous les coins. Pour la photo, ce n'est pas le bon créneau horaire, l'appareil est déja au maximum de sa sensibilité et des vitesses équivalente à la focale. Une photo serait totalement bruitée dans le meilleur des cas ou un flou de bougé.
Arrivés dans les alpages, la lumière commence à gagner permettant de commencer à faire quelques clichés, la sensibilité est encore haute mais l'appareil commence à pouvoir encaisser dans les basses lumières.
Pour profiter de l'instant et éviter le dérangement, nous nous abritons derrière des genévriers à couvert en évitant soigneusement le vent.
Maintenant le jour est levé et nous repérons dans les combes en limite forêt-alpage-barre rocheuse, d'abord de biches. A première vue, une mère et sa fille de l'année, la différence de taille est notable. Puis pas très loin, un cerf de 6 cors suit les 2 femelles.
Lorsque nous observons les cervidés, au milieu de ces derniers, une belle surprise avec mister renard. Il circule au milieu des cerfs s'en sans soucier, il redescend dans la combe, nous le perdons de vue. Bon faut dire que Renard pèse 6Kg et Cerf proche des 150Kg... le renard ne s'approchera pas...
Alors que nous continuons à suivre les biches et le cerf de 6 cors, nous voyons 2 biches rejoindre la mère et sa fille quand tout à coup un brame puissant se fait entendre juste au dessus. Un beau cerf de 12 cors se présente et se met à suivre les 4 biches.
Le 12 cors n'a pas encore vu le 6 cors mais il y en a un qui risque de passer un sale 1/4 d'heure !
La matinée avance et l'activité commence à se calmer, les cerfs commencent à se mettre en foret ou sous les arbres. Les brames se font rares. Nous commençons a redescendre. Quand un spectacle s'offre à nous. Des vautours fauve en pleine curée sur une bête morte. L'instant est trop rare, on se cale et on observe le spectacle. Un peu loin pour la photo (mais je ferai un article à ce sujet), un renard traine dans les parages pour gratter quelques morceaux mais les vautours prennent le dessus. Il semblerait que ce soit une biche au pied d'une barre rocheuse. En 30 min, la biche est dévorée, il ne reste plus que les os, le gypaète barbu viendra nettoyer le reste. Retour à la case départ, les yeux plein d'émerveillement.
Nous réalisons une nouvelle session en fin d'après-midi tout aussi fructueuse en terme d'observation mais pour la photo, le spot n'est pas idéal, nous sommes loin et une approche à découvert aurait fait fuir les animaux.
Le lendemain, nous repartons à la même heure dans la pénombre. Les biches sont au rendez-vous en lisière de foret. Nous observons une dizaine de biches suivies par 2 mâles.
Mais la lumière fait défaut, je ne peux pas photographier, je suis encore dans la pénombre. Mais contrairement à la veille, la faune se retire très vite à couvert. Dès les premiers rayons du soleil, l'activité devient rapidement calme. Quelques recherches infructueuses puis il est temps de rentrer, ça commence à tirer dans les jambes !
Un très grand moment d'émerveillement en ce séjour de brame. Nous avons pu observer un nombre important de biches et cerfs, quelques chamois, renards, vautours fauve.