Enfin! un retour aux sources dans les Alpes notamment dans le secteur du Guillestrois/Parc National des Ecrins et Queyras pour une semaine.
La session démarre plutôt bien avec une première journée en compagnie des bouquetins dans le Queyras. Ces derniers ont pris leur quartier de printemps profitant d'une herbe bien verte avant de remonter en altitude fin juin pour aller chercher la fraicheur.
Par contre les chamois, eux, ont déjà pris leur quartier d'été en se tenant relativement haut sur les zones rocheuses en limite des névés.
Quoique cette année, la neige est tombée en quantité et le maintien d'un temps frais a limité la fonte avec un manteau neigeux très important sur les versants ouest à nord-ouest. L'épaisseur du manteau neigeux atteint encore 80 cm à partir de 2200 m jusqu'à 2 m au delà de 2800 m ! Plutôt rare pour une fin mai.
Pour s'approcher, il a fallu viser les versants sud en limite des barres rocheuses. C'est de la grimpette hors sentier en pente raide !
Mais l'effort est récompensé par la présence des chamois dans le secteur où nous les attendons.
Les animaux et surtout les mammifères réalisent des migrations altitudinales en fonction de la saison. L'hiver, en général, ils cherchent des pentes orientées sud pour profiter de quelques rares pelouses restantes et remontent progressivement en altitude avec l'arrivée de l'été. Ils redescendent dès l'arrivée des premières neiges d'automne.
Donc tout au long de la semaine, les observations s'enchainent pour maintenir l'émerveillement à chaque rencontre.
Parmi les nombreuses sessions, deux se sont révélées particulièrement intenses.
La première est l'observation d'une harde de cerfs dans le Queyras juste en dessous de la zone des chamois.
Ce sont des mâles qui se regroupent en amont de la période du rut. Les premiers bois de l'année commencent à pousser et bien entendu, les ramures ne sont encore que partielles jusqu'à prendre leur grandeur vers fin août.
Ce qui mettra en route les hormones pour le début de la saison du rut à partir de la mi-septembre. Les mâles ne seront alors plus copains et plus question de rester ensemble. Il y a mieux à faire et ils préféreront la harde de biches.
Durant le mois de mai comme nous avons pu l'observer, cette harde reste en limite de forêt, ils se nourrissent de cette herbe printanière s'aventurant parfois dans les zones à chamois mais resteront à l'abri des forêts dans la limite de présence des arbres (vers 2200 m).
La seconde observation, qui restera certainement la plus belle:
La rencontre avec un faon de cerf élaphe (important de préciser l'espèce car le faon peut être aussi celui du chevreuil mais la taille est vraiment différente).
Au 1er repérage, nous décidons alors de nous positionner à sa hauteur en gardant tout de même une certaine distance pour ne pas le déranger. On se couche dans l'herbe et l'observation commence ! il est là, dormant sous nos yeux, lové sur lui-même.
Par moment, son oreille bouge puis se rabat. Il ne semble pas dérangé par notre présence, c'est encore l'insouciance de la jeunesse (il n'a que quelques jours), il reste donc vulnérable. Il apprendra rapidement que tous les humains ne sont pas de bonnes intentions (malheureusement...) et que la fuite sera la meilleure solution face à la cruauté des hommes.
On préfère rester discrets et ne pas l'importuner dans son repos. Il attend certainement le retour de maman biche.
Au bout d'un très long moment, comme maman biche est méfiante, nous préférons nous retirer pour qu'elle puisse venir chercher son rejeton. Il sera plus en sécurité avec elle qu'avec nous.
C'est difficile de partir mais il faut se forcer à quitter ce moment rempli d'émerveillement.
Maintenant rien n'empêche de rêver à ce qu'il est devenu, qu'il a retrouvé maman et qu'il grandi à ses côtés et qu'il deviendra un beau mâle avec une belle ramure ou une belle biche...
Point important: il ne faut jamais toucher un faon, c'est le condamner à mort. En effet, en le touchant, on dépose l'odeur humaine. Cette odeur entrainera un rejet direct de la mère de son rejeton. Donc restons à distance et profitons de l'observation... la nature n'a pas besoin de nous et la caresse n'a aucun sens pour un animal sauvage.
Comment peut-il rester seul dans l'herbe sans risquer sa vie ?
La nature est bien faite, à la naissance, les faons (cerf et chevreuil) n'ont pas d'odeur. L'absence d'odeur est un paramètre capital à leur survie puisque le renard ou le loup ne peuvent le repérer sauf à tomber museau à museau. Mais en cas de danger, la femelle va attirer le prédateur dans un autre secteur pour l'éloigner du faon.
Le seul risque éventuellement serait un aigle royal qui pourrait prédater un faon de chevreuil. Le faon de chevreuil ne pèse que 1 à 2 kg alors que le faon de cerf est aux alentours de 7 à 8 kg. L'aigle ne pouvant soulever que son propre poids (un peu plus ou un peu moins) donc à peu près 6 kg, le jeune cerf présente moins de risque (sans pour autant l'exclure) que le jeune chevreuil.
Enfin pour la petite information, par abus de dessin animé de notre jeunesse, on pense que le petit cerf est Bambi. En réalité Bambi n'est pas un cerf ni un chevreuil mais un Daim. La robe tachetée du faon peut entrainer cette confusion.
Mais le Daim est un animal rarissime en France que l'on trouve uniquement dans 4 départements (Gironde, Landes, Haute-Saône et Seine- et-Marne).
Les photos de la session alpine sont dans la galerie suivante.
Un instant magique avec un faon
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